Des enfants, des ados, des jeunes qui lisent, ça commence dès la naissance… par de belles histoires racontées. Pour le savoir comme pour le plaisir.

«Il était une fois…» Les parents connaissent bien le rituel de l’histoire lue à leurs chérubins blottis sous la couette, à l’heure du coucher. Un vrai moment de complicité où le livre s’associe aux câlins. «Une relation affective absolument essentielle dans le développement des enfants», indique Véronique de Sépibus, la libraire de Carouge qui mêle enthousiasme et professionnalisme à la Librerit, spécialisée dans les livres pour les enfants et la jeunesse. Les nombreuses études psychologiques et découvertes en neuro-sciences menées à travers le monde le confirment: il n’est jamais trop tôt pour initier les enfants à la lecture, la période idéale pour poser les bases d’un futur bon lecteur se situant entre 0 et 6 ans. Selon la recherche américaine publiée dans la revue Pediatrics (août 2015), la lecture à haute voix chez les petits active les zones du cerveau impliquées dans le traitement sémantique du langage. Ils développent ainsi des compétences qui les aideront plus facilement dans la compréhension de l’écrit et l’acquisition du vocabulaire indispensable à leur intégration sociale. Inutile donc de s’étonner: le «livre-doudou» à mâchouiller ou le petit livre en plastique pour jouer dans le bain de bébé ont leur place dans les librairies jeunesse de Genève. Au Chien Bleu, à Plainpalais, on les achète même comme cadeau de naissance. Une jolie entrée en matière! Une délicieuse introduction à l’envie de lire. Mais aussi à ce plaisir du livre qui, soit noté en passant, se mêle sans faillir aux alternatives des loisirs numériques. «Partout, les jeunes se tournent à nouveau vers le livre, comme pour stopper le flux continu d’informations, de blogs, de textos, qui les saturent» indique la chercheuse française Sylvie Octobre dans son ouvrage Deux pouces et des neurones (2014, éd. La Documentation Française). Cette invite au plaisir est donnée par les éditeurs, les enseignants, les bibliothèques. Mais, elle dépend aussi des parents.

La lecture avec votre enfant


Jouer, réconforter, enseigner: il existe de multiples façons de tirer parti de la lecture avec son enfant. Quelques pistes. Privilégiez le moment lecture à l’heure du coucher: cela détend l’enfant et le rassure, qu’il soit tout petit ou d’âge préscolaire. Jouez avec les expressions de votre visage, changer de ton pour donner vie aux personnages. Votre enfant sera d’autant plus captivé par l’histoire. Sachez que même les livres pour les tout-petits contiennent un vocabulaire plus riche que celui utilisé par les adultes dans une conversation ordinaire. Et si bébé ne comprend pas le sens du texte, il en retient sa petite musique. Lisez des livres que votre enfant peut manipuler. Il le tiendra peut-être à l’envers, puis saura le remettre à l’endroit et tournera de mieux en mieux les pages. Bientôt, l’enfant va associer les mots aux images, répondre aux questions. Demandez-lui de décrire ce qui se passe dans une image, où est tel ou tel personnage et ce qui va lui arriver. Ce dialogue influe sur le développement du langage, mais stimule aussi sa créativité. Les histoires sont une précieuse «fabrique» d’imaginaire. Si l’objectif explicite est de développer son vocabulaire, choisissez un livre avec un objet par page en lisant le nom de l’objet et en le pointant du doigt. Ne dites que le mot. Par exemple «chat». Et non: «C’est un chat. Celui-ci est gris, non?» Souvenez-vous aussi qu’un enfant qui voit ses parents lire sera plus enclin à la lecture. Difficile de dire à un enfant «va lire» quand on est soi-même en train de regarder la télévision ou de vérifier son Instagram