«Cette année, j’arrête de fumer!» C’est votre résolution pour 2015. Une décision qui n’est pas facile à prendre, ni à mettre en pratique. Pour cette première rubrique de l’année, nous avons décidé de comprendre les diverses étapes d’une démarche plus complexe qu’il n’y paraît.
Les patchs anti-tabac et autres cigarettes électroniques seraient-ils vraiment la panacée pour arrêter de fumer? Nous soupçonnions que la solution à des années de dépendance à la nicotine ne pouvait pas être si simple. Dans le doute, nous avons pris rendez-vous chez un tabacologue, pour une consultation qui s’est révélée édifiante.
Acupuncture et vitamine B
Tout d’abord, il faut faire la différence entre le fumeur consommateur et le fumeur dépendant. Le consommateur, fumeur occasionnel, n’aura aucune peine à arrêter la cigarette. Par contre lorsque cet acte se transforme en addiction, c’est une autre histoire. «Le dépendant doit comprendre qu’il devra complètement renoncer à la fumée, au même titre qu’un alcoolique ne pourra plus jamais toucher à l’alcool, prévient Jean-Marie Lefebvre, psychologue et naturopathe de formation, consultant au Centre anti-tabac de Genève depuis 40 ans. La nicotine est une véritable drogue!»
Le sevrage organique est relativement rapide. Pour ce faire, l’acupuncture est d’abord utilisée en tant qu’aide indirecte. Elle servira à éliminer les toxines, la nicotine et le goudron accumulés dans les cellules au fil des ans. Ensuite, le tabacologue va inonder le patient de vitamines B pour réduire sa nervosité. En effet, après des années de tabac, ses réserves sont vides et le sevrage est une phase difficile qui peut le rendre irritable. Le patient devra également boire plusieurs litres d’eau par jour. «Boire permet une élimination abondante, une action essentielle pendant cette phase, explique le naturopathe. C’est une période de purification et l’acupuncture stimule les organes émonctoires (reins, pancréas, poumons). Dans une deuxième étape, un traitement d’acupuncture au laser dans l’oreille va endormir la programmation des cellules dépendantes à la nicotine. Attention, uniquement endormir! À la première cigarette, les cellules se souviendront des substances addictives et s’en trouveront à nouveau dépendantes.
Quatre jours pour le sevrage aigu
Puis viendra la phase de l’agression du nerf trijumeau près de l’oreille avec la pose d’un petit pont chirurgical que le patient gardera 20 jours. Le trijumeau passe du visage à l’hypophyse par l’oreille, le but de ce geste est de faire sécréter des endorphines par l’hypophyse afin d’atténuer la douleur névralgique provoquée par le pont. Ces endorphines auront également un autre effet, celui d’endormir les cellules pulmonaires qui réclament leur dose de nicotine. «Le sevrage aigu ne dure que quatre jours. La phase de nettoyage des produits toxiques de la cigarette dans l’organisme prendra entre 8 et 12 jours. Par contre, il faudra environ 20 ans pour éliminer la mémoire de la nicotine des cellules, avertit Jean-Marie Lefebvre.»
Une dépendance à 80% psychique
«Rien n’est pourtant gagné après le sevrage aigu car la dépendance au tabac est à 80% d’ordre psychique, reprend le consultant.» Dans 95% des cas, les patients fument depuis l’adolescence. En cas de grosse crise, tirer quelques bouffées sur une vapoteuse se révélera moins nocif que de replonger dans le tabac. A condition de ne pas remplacer une dépendance par une autre! Selon le degré de névrose, une psychothérapie ou de l’hypnose aidera les dépendants à vivre sans cigarettes. «Il est important de beaucoup parler! Je leur demande de m’appeler régulièrement, les fumeurs dépendants sont fragilisés par cette addiction. La vie est faite de hauts et de bas, conclut Jean-Marie Lefebvre. Il y a des coups durs, mais les vivre sans tabac, c’est possible. Après tout, les non-fumeurs connaissent eux-aussi des divorces et des licenciements.»